Des caches pour les truites à Saint-Béat

HAUTE-GARONNE (31)

Dans la traversée de Saint-Béat, les vieux murs de soutènement des berges de Garonne avaient sérieusement été abimés par la crue de juin 2013. Au cours du temps, ces murs en pierres sèches disjointes, avaient fini par devenir un excellent habitat pour les truites, qui faisait d’ailleurs la renommée du parcours, très apprécié des pêcheurs de Garonne. Or le projet initial consistait à injecter du béton derrière un coffrage bien lisse. On imagine le résultat sur la qualité de l’habitat aquatique qui en aurait résulté !

Lors des consultations avant travaux, la fédération a alerté l’Administration et le maître d’ouvrage des conséquences d’un tel aménagement. Le signal a été entendu et des modifications du projet, conçues en partenariat avec la fédération, ont été intégrées dans les travaux. La 1ère phase dans l’exécution de ces travaux consiste à réaliser un batardeau pour isoler la zone de chantier de la rivière. Dans un cours d’eau puissant et torrentueux comme la Garonne amont, ce n’est déjà pas une mince affaire. Il a alors fallu procéder au sauvetage des truites présentes, bien plus nombreuses que ce que les riverains, qui surplombaient pourtant cette eau claire tous les jours, ne l’imaginaient. Cette pêche de sauvetage, donc les effectifs ont été comptés et mesurés avec soin, constituera une valeur de référence, témoin de la quantité de truite initiale avant travaux pour comparaison future.

Contrairement au projet initial, des caches à truites et une diversification de l’habitat piscicole, qui profitera également à l’ensemble de la faune aquatique, desman compris, a donc été mise en place suivant les prescriptions de la fédération.

En rive gauche, où il était nécessaire de créer une sorte de marche en pied de mur pour le renforcer, des réservations creuses ont été moulées dans le béton, puis, après séchage, garnies de grosses pierres anguleuses pour constituer des caches complexes sous le niveau de l’eau, derrière un alignement irrégulier de gros blocs diversifiant l’écoulement et l’habitat en berge.

En rive droite, le procédé ne fut pas le même, il s’agissait d’injecter du béton en pied de mur, il a donc été intégré des blocs de pierre dépassant de ce socle, sur lequel d’autres enrochements non jointifs ont été déposés, permettant ainsi, tout en protégeant le mur, créer des nombreuses caches dans les interstices de ces rochers. Ces travaux sont un exemple intéressant d’intégration de la dimension écologique et piscicole dans des ouvrages pourtant initialement très peu propices, s’agissant à la base de renforcer dans un objectif de sécurité des structures en dur par du béton coulé. La recolonisation de ces linéaires de berge par la truite sera suivie dans le temps afin d’en évaluer l’efficacité et de comparer l’attractivité pour les poissons et la tenue dans le temps des divers éléments mis en place.