Etude comportementale de 2 populations de truite commune

Cantal (15)

Certains cours d’eau de tête de bassin cantaliens subissent aujourd’hui fréquemment des étiages sévères en lien avec les changements climatiques rapides actuels. La Fédération a donc souhaité initier une étude ayant pour objectif de mieux comprendre le comportement de populations de truites communes autochtones sur deux cours d’eau aux contextes différents, la Bertrande et le Tact (débit naturel et artificialisé).

Ces travaux ont été menés de fin mai à novembre 2020, avec l’assistance du bureau d’étude SCIMABIO INTERFACE.
La technologie de radio-identification RFID a été employée afin de suivre le comportement individuel des truites communes dans le temps. Sur les 2 stations des individus ont été capturés par pêche électrique afin d’être, après anesthésie, identifiés, mesurés/pesés et marqués avec des transpondeurs Pit-Tag de 12 à 23 mm avant d’être relâchés sur leur zone de capture. En parallèle des stations de suivi autonomes fixes permettant l’enregistrement du passage des individus ont été installées. Pour affiner les observations, des prospections mobiles ont également été mises en œuvre afin de déterminer précisément la position de chaque individu dans le temps. En parallèle et afin de pouvoir appréhender les différents types de comportements, l’évolution de certains facteurs abiotiques a également été suivie (température, débit, habitats).

19 trackings mobiles ont ainsi été réalisés de fin juin à fin novembre au fur-et-à-mesure de l’évolution des conditions hydrologiques. 159 truites communes (de 11 cm (1+) à 32 cm (4+)) ont pu être marquées sur la Bertrande, 26 sur le Tact (de 12 cm (1+) à 26 cm (3+). 96,9% des individus marqués ont été re détectés au moins une fois sur la Bertrande, 92,3% sur le Tact.

Certains comportements particuliers ont pu être observés durant la phase d’étiage qui a été particulièrement marquée en 2020 de fin juillet à début septembre. 23% des individus marqués sur la Bertrande et 41% de ceux marqués sur le Tact ont effectués un déplacement significatif (changement de succession radier/plat/profond) de plus de 30 m au plus fort de l’étiage, que se soit à la montaison ou à la dévalaison. Sur le Tact par exemple, 27% des individus ont effectués une montaison de 30 à 374 ml au plus fort de l’étiage afin de se regrouper dans des habitats paraissant plus favorables à leur survie (fosses profondes en zones ombragées). Il est observé également un comportement marqué de homing suite à la période d’étiage, avec un retour des individus vers leur habitat qu’ils occupaient avant la survenue des conditions sévères d’étiage. Au moment de la rédaction de ce texte les données sont en court d’analyse, mais ce comportement de déplacement au cœur de l’étiage peut laisser présager d’une nécessité pour l’espèce de maintenir une bonne connectivité sur les cours d’eau où les conditions d’étiage sont les plus limitantes afin de permettre une meilleure adaptation aux effets du changement climatique.

Cette étude, aidée financièrement par l’Agence de l’Eau Adour-Garonne, la Région AURA et EDF, répond aux objectifs d’étudier l’adaptation des espèces aux effets du changement climatique, qui aura et a déjà une forte influence sur la dynamique des espèces présentes en tête de bassin, comme la truite commune.