Haute-Garonne (31)
Ce cours d’eau issu du plateau de Lannemezan est réalimenté par le canal de la Neste depuis 160 ans. Les usages ont fortement endommagé sa morphologie et la reproduction naturelle de la truite en est fortement impacté. Dès que nous avons été contactés par le syndicat Save Gesse, nous informant de leurs intentions d’entreprendre des actions de restauration d’une portion de la Save amont nous avons réalisé deux inventaires avant travaux en 2018 et 2019.
Les Chevaines, Lamproie de planer, Loches, Vairons et Goujons étaient en effectifs et biomasses dominantes à la faveur des parties lentiques ou faiblement courantes tandis que la faible surface de radiers était peuplée de Truites et de Chabots. Ce patchwork d’espèces rhéophiles alternant biocénose de tête de bassin salmonicole et de section cyprinicole rhéophile est l’expression d’une hydrologie artificielle résultant d’une certaine logique d’utilisation de l’eau, que nous qualifierons d’anarchique au sens de ses effets biologiques. Les biomasses 2018 excédent difficilement les 90 kilos par hectare à cause des nombreuses crues durant l’hiver et le printemps précédent qui ont mise à mal les recrutements pour l’ensemble des espèces. Le peuplement en Truites fario est médiocre avec 5 alevins, 5 juvéniles et 5 adultes capturés sur 100 mètres, autant dire pas grand-chose. En 2019, les recrutements sont nettement meilleurs mais les adultes sont en nombre équivalent à 2018 et les juvéniles sont inexistants, faute à la qualité médiocre des habitats et aux mauvais recrutements de l’année précédente.
Les habitats initialement homogènes ont été très fortement diversifiés avec une démultiplication de la surface de caches en eau lors des étiages. Les faibles densités d’alevins en 2020 de 220 ind/ha contre 1069 ind/ha en 2019 s’expliquent par les crues d’hiver qui ont fortement impactés les recrutements. Les aménagements ont clairement avantagé les classes d’âges de 1 à 3 ans. Les effectifs de juvéniles (1 an) sont multipliés par 7 et passent de 95 ind/ ha en 2018, à 667 ind/ha en 2020. Pour les adultes, l’amélioration est moins sensible passant de 5 et 6 poissons en 2018 et 2019 à 8 poissons en 2020, ce n’est seulement qu’à partir de l’année prochaine avec la colonisation des caches par les juvéniles, que nous pourrons réellement estimer la valeur environnementale de ces actions sur cette classe d’âge.
Sur l’ensemble des espèces présentent, la figure suivante montre aussi que les effectifs globaux restent stables malgré une crue et un écosystème dont le fonctionnement n’a pas atteint son optimum, seulement un an après les travaux de restauration. Lors de nos suivis de travaux de restauration, la variable qui répond positivement quelques soit le contexte est la biomasse par unité de surface. Dans le cas de la Save, elle passe à de 122 kg/ha en 2019 contre 147 kg/ha après travaux malgré des effectifs d’alevins de truites bien en deçà des valeurs espérées. Pour la truite fario seule, la biomasse par hectare a presque doublé sans atteindre des valeurs correctes, cette valeur est très encourageante mais il est trop tôt pour en conclure un effet direct seulement un an après le remaniement complet de la section du cours d’eau.